Dimanche 24 octobre
On est de retour dans la petite pomme belge. Le jetlag, c’est beaucoup moins amusant dans ce sens-là. Comme le dit très bien Aurélie, on ne s’endort pas, on s’évanouit. Euh mum, je peux m’assoupir dans le gratin dauphinois? Ce qui est bien, c’est que cette fois, je n’ai pas eu mal aux oreilles à cause de l’atterrissage. Merci qui? Merci Tommy, ou plutôt merci à son père qui lui a conseillé ceci : mettre des serviettes chaudes dans 2 gobelets en plastique que l’on garde bien enfoncés sur ses oreilles. Stylé, non?
Petit résumé de ce qui s’est passé après le concert au Rock Shop :
Samedi 16 octobre
Journée promenade. On découvre notre quartier de Williamsburg. On découvre surtout le Bagel Store, le palais du Bagel. Mon préféré : le bagel goût barbecue/cheddar avec 2 oeufs, une tranche de fromage suisse et du bacon. Bon il faut pas tenter ça à n’importe quelle heure de la journée…
C’est Pierre, le frère de Ben. Il est avec nous pour toute la semaine. Fou du fafa !
Passons dans une friperie. Ai trouvé des supers chaussures. Oui c’est un peu futile comme news, mais ça fait du bien. Dans ce quartier de Brooklyn, il règne une ambiance extrêmement détendue. On traîne sur Bedford Avenue, d’où on peut apercevoir Manhattan. Ici il y a dix ans, c’était encore un quartier pauvre et relativement dangereux. Aujourd’hui, les New-Yorkais viennent ici pour flâner et se reposer. J’ai un morceau de Fennesz en tête : Endless summer.
Dimanche 17 octobre
On se rend à Manhattan pour une séance photo avec Jeff « Sean Connery ». Tout d’abord dans un diner du quartier de Tribeca. Au début, le photographe n’en a que pour Aurélie. Et oh mec, on est 5 dans le groupe… Mais Jeff est très pro. Ses photos font très Rolling Stones 1964… On pouffe quand il assène après chaque clic : it’s gonna be killer (celle-ci va déchirer) ou awsome (grandiose) ou encore : this is for when you’re gonna be famous (celle-ci, c’est pour quand vous serez des stars). C’est ça aussi les USA. Les gens croient tellement en eux que leur enthousiasme contamine tout le monde. Me mets à rêver que je déménage ici… Puis me rappelle qu’en Belgique, je ne suis pas obligé de travailler 10h par jour dans une pizzéria pour pouvoir seulement ensuite faire de la musique… On termine par quelques clichés au bout de Manhattan, face à la baie d’Hudson. Il fait incroyablement beau. Nous sommes au paradis.
Divines ces Barilla…
Ground zero est à 2 pas. On y fera un saut quelques jours plus tard, sans pour autant y ressentir l’horreur que nous avons vécue devant notre téléviseur en 2001. Il est impossible de s’imaginer ce qui s’est passé ici. Ou plutôt, notre cerveau refuse d’accepter… Ground zero aujourd’hui, ça ressemble un peu à la place Flagey il y a deux ans. Il y a des palissades partout et seuls quelques montages photos donnent un aperçu de ce que l’endroit va devenir : une énorme tour de verre entourée de grands bassins. Le scandale ici, c’est qu’Obama veut aussi y bâtir une mosquée. On est pas contre.
Le Fat Cat. Les gens se retrouvent ici le soir et les week-ends pour lever le pied et s’adonner non seulement à mon sport favori, mais aussi jouer au billard et à un drôle de jeu qui ressemble fort à du curling sur table : le shuffle board.
Arrêt au stand pancakes, trop salés. Les serveurs sont odieux. Nous ne leur laissons qu’un maigre pourboire. Petit coup d’oeil dans le Village Voice, canard new-yorkais que l’on trouve à chaque coin de rue. Philippe, notre manager, nous conseille Hunx and his punx au Cake shop, sur la Ludlow street. Le club est génial, étroit, punk. Le groupe, un drôle de croisement entre les Shangri-Las et les Ramones. Le chanteur explosé multiplie les poses et les affronts, n’hésitant pas à embrasser un ex au premier rang et à roter dans la sono dès qu’il en a l’occasion. Le club est surchauffé. Une faune gay/lesbienne se trémousse autour du chanteur. A ma gauche dans le public, la fille des Vivian Girls. Dans les toilettes, Miss Kittin. Sisi.
Les Hunx and his punx en video
Sur le chemin du retour. Pose avec tout le groupe devant le drapeau. Le coq est parti faire un tour. Ca nous fait tous bien rire.
Lundi 18 octobre.
On se balade à Central Park. Mini sieste dans l’herbe, puis on regarde une bande de breakers plumer les touristes (ok, j’ai lâché 1 dollar aussi…). Je cours après des joggeurs pour le demander ce qu’ils écoutent sur leur ipod. Ah oui, j’ai oublié de vous dire. On fait une spéciale New-York pour Aléatoire, la nouvelle émission présentée par Raphaël Charlier sur Pure FM. La première coureuse me répond :«We are the champions de Queen». M’étonne pas qu’elle courait si vite.
Oh un distributeur de chewing-gum ! Euh non, ça distribue juste des biscuits pour chien.
On se rend à Times Square pour tourner un clip vidéo sur le toit d’un immeuble ultra chic. Comme on est pas contre, on s’y rend fissa. L’ascenseur nous amène au 59e étage en 5 sec. Arrivé sur la terrasse, je tourne de l’oeil. Je demande à Steve si ça lui fait encore quelque chose de travailler si haut. Il me dit que non. Nous commençons à faire les imbéciles devant le fish eye de Greg. Je plonge au-dessus des autres, juste pour faire le Jules, mais tout le monde a peur. Il parait que je suis maladroit.
On descend en rue pour jouer I’ve got a world pour les touristes. On prend un pied incroyable. On passe devant le Toys ‘r’ us et on aperçoit une énorme grand roue à l’intérieur du magasin. «Les Américains sont de grands enfants», me rappelle Philippe.
Mardi 19 octobre
11h. Rendez-vous sur un toit de Manhattan pour une session acoustique organisée par les gens de Postcard from New York, une Blogothèque version new-yorkaise. Nous sommes leur premier groupe. Nous improvisons une petite chorégraphie dans la rue. Eux restent sur le toit pour filmer. Deux passantes en training viennent danser avec nous. Nous nous rendons ensuite enregistrer une autre morceau dans un magasin de fringues chics deux blocks plus loin. Ils nous disent que c’était awsome…
Scène du métro 1 : pris la main dans le chips…
Scène du métro 2 : petite sieste
19h. Concert pour une clique de professionnels du cinéma dans une boîte huppée du lower east. Amusant. Nous n’avons que des minis amplis, posés sur une mini scène, avec des minis applaudissements à la fin des morceaux. Mais tout le monde vient nous dire que c’était awsome. On planque des cocktails pendant la happy hour. Le consul de Belgique à New-York vient nous saluer. Chouette monsieur au look de designer anversois. On en dira pas autant des 2 filles qui lui servent de collègues et qui s’empressent de me donner la marque du mouton qui entoure le cou de l’une d’entre elles : It’s Maurice by the way. Je m’en fous de comment il s’appelle moi…
Je rencontre Pap dans les toilettes; un Sénégalais qui vient de déménager avec sa femme pour faire carrière aux States. «La vie est beaucoup plus dure ici qu’en France. Là-bas au moins, ce sont des gens civilisés…». Pap gagne sa vie avec les pourboires uniquement. Il parfume les gens à la sortie de toilettes et leur met du savon sur les mains. Et son épouse fait pareil chez les filles. Ils tirent leur épingle du jeu et sont même parvenus à faire venir leurs 3 enfants.
Retrouvaille avec Stephen «Dogbowl»Tunney, un vieil ami new-yorkais et musicien de Philippe. On rigole bien. Il est en train d’écrire une trilogie sur un type amoureux d’une martienne et d’une terrienne. Choix difficile…
L’hymne de Dogbowl : Hot day in Waco.
Mercredi 2O octobre
Ah : le grand jour. Celui de notre concert au Living Room pour les CMJ. Mais on passe d’abord l’après-midi au MoMa, le musée d’art contemporain de New-York. Mis à part l’installation tape-à-l’oeil et bruyante de Yoko Ono, on se régale. C’est un peu tout et n’importe quoi ici, mais c’est l’aspect ludique qui prime : hommage à la cuisine des années cinquante et à ses ustensiles, vidéo d’un artiste qui se masturbe sous un plancher au-dessus duquel déambulent les visiteurs, démonstration d’une pompe à nez futuriste pour accroitre l’odorat, boîtes de poudre à lessiver de Warhol, tache de peinture au sol surveillée par une gardienne. «Vous en pensez quoi de ce truc ?», je lui demande. «On a pas le droit de donner son avis sur les oeuvres, monsieur, mais de vous moi, vous ne trouvez pas ça marrant?».
Rotifer et sa chanson, à l’entrée de l’espace cuisine.
Ode à la cuisine de Francfort…
Arrivée au Living Room. Tout d’abord un regret, nous allons manquer Phoenix et Wavves, qui clôturent le festival au Madison Square Garden. Pas grave, il y une after et on est persuadés qu’on va boire une Stella avec Thomas Mars et sa clique.
Aujourd’hui, c’est la soirée de notre label américain, 2min59. On assiste médusés au concert de Dana Falconberry, chanteuse de L.A. seulement accompagnée de sa guitare et d’un grand ours chauve au banjo. Chaque note semble suspendue. C’est beau comme du Nick Drake, élégiaque et juste. On a la chair de poule et rien que pour ça, on est heureux d’être venus jusqu’ici.
Nous montons sur scène, chauds comme la braise. Il y a du monde. Nous jouons vite et la magie opère. On sent que notre cause est entendue ce soir. On sort lessivés et heureux. C’est aujourd’hui qu’il fallait être bon. La serveuse est passée avec le chapeau pendant le concert. Elle nous amène 200 dollars : le début du rêve américain. Whiskey coke pour tout le monde. Une demi-heure plus tard, fin du rêve américain : il n’y a plus rien.
On passe des heures à discuter avec les gens. On traîne, on traîne, et quand on arrive à l’after party, à 5h du matin, il n’y a presque plus personne. Un musicien s’approche de nous et nous dit : «et les gars, vous venez de louper daft punk, phoenix, les strokes et les beastie boys. Ils étaient assis juste là». On n’est pas des groupies, mais bon là quand même, on l’a saumâtre…
Voilà, c’est tout pour notre première aventure américaine. Bien sûr qu’on veut revenir. Bien sûr qu’on va revenir…
Non, ce n’est pas l’Autriche, c’est Central Park :